Ce week end, j'ai fait un stage sous voile avec Jacques Baal. C'était de la balle, quelle blague à 2 balles!
Inscrit au stage Steph (mon ex-boyfriend pour ceux qui ne sont pas au courant) et Pierre qui a fait la PAC avec nous.
Le but du stage était d'apprendre à atterrir en douceur. Sachant que je me suis déjà fait une entorse du pouce lors d'un atterrissage raté, ça peut être utile.
C'était aussi d'apprendre les notions de bases pour pouvoir garantir notre sécurité, éviter les collisions avec d'autres voiles, maitriser sa trajectoire et se poser à un endroit précis. Ça aussi, ça peut être utile parce que pour mes sauts précédents, je commençais à pointer le point de contact avec le sol 100m avant le dit contact et c'est un peu court pour rectifier s'il le faut.

Vendredi soir, 3ème et dernier saut de la journée, nous sommes 7 élèves et 3 confirmés dans l'avion. Les élèves sous voiles avaient pour instructions d'ouvrir haut (1700m) et de travailler les décrochages. Le but du saut étant de dégonfler sa voile pour se rassurer qu'elle se regonfle bien, et de voir la perte d'altitude qu'engendre la manœuvre pour nous montrer les limites de la voile et les risques d'un décrochage à basse altitude.
Je sors de l'avion, j'ouvre à 1800, ma voile est bien déployer vers 1600, je regarde mes copains, ils sont tous là, je suis plus haute qu'eux, pas de risque de collision, je me mets face au vent, ça souffle pas mal. Je suis au dessus du terrain dans ma zone d'évolution, je peux commencer mes exos.
Premier essais, ça décroche pas, je fais un tour de commande dans les mains pour les raccourcir.
Deuxième essai, houuuu ça frétille ça frétille, je sens ma voile qui part en arrière je suis surprise, je remonte les bras rapidement et ça repart fort vers l'avant ce qui n'est pas top! je me retrouve à faire le pendule sous ma voile, un coup en arrière, un coup en avant. Le monsieur avait dit de relâcher doucement les commandes, je vais réessayer en relâchant plus doucement.
Je relève mon nez, où sont mes petits copains? Ils sont toujours plus bas que moi et dans un nuage, les pauvres, c'est moches pour eux. Je peux refaire l'exo sereinement. Ça frétille ça part en arrière, encore une fois je relève les bras rapidement, ça me file la pétoche ces exos.
Je regarde mes petits copains toujours, mais que ce passe t-il donc??? Ils sont en train de galérer pour rentrer à la maison dis donc... J'en vois un qui se vache[1] au service des eaux, un deuxième prêt à vivre la même expérience... Pierre est devant moi bien plus bas que moi, il ne va pas pouvoir rentrer non plus... :S
Je pense donc enfin à sauver ma peau, je suis loin du terrain maintenant mais encore assez haute, entre 800 et 1000m. Je pense avoir du temps, mais là je m'aperçois du problème, le vent est tellement fort que je recule. Si je recule pendant que j'avance, comment veux-tu...
J'ai une grande voile de 260 pieds², je sais que je ne ferais pas le poids contre le vent mais j'essaie. Je fais toute les astuces pour augmenter ma vitesse horizontale, ça ne marche pas, je recule toujours. J'y vais aux élévateurs avants, je fais de belles tractions mais la voile ne se plie pas d'un pet. Je me retrouve au dessus d'un canal de flotte, je suis à 500m les pieds au dessus de l'eau et je sais que je ne vais pas pouvoir rentrer à la maison. Maman j'ai peur!!!! Trouver un endroit où me poser... Bon, réfléchissons, le terrain c'est mort, le service des eaux c'est mort... Je n'ai que des terrains inhospitaliers en dessous de moi, de la flotte, des toits, des tas de graviers... La je fais un rapide tour de ce qui m'est accessible, le plus facile est derrière moi vu que le vent me pousse. Finalement je n'ai pas grand chose à faire pour me trouver juste au dessus du jardin des deux rives et je garde de la marge pour ne pas être poussée dans le Rhin. Je regarde entre mes pieds l'endroit où je vais me poser, entre les deux arbres, c'est mieux, je recule de moins en moins en perdant de la hauteur, ça devrait le faire. J'atterris à quelques mètres de la passerelle qui relie la France à l'Allemagne, à environ 50m du Rhin.

Même pas morte noyée dis donc, ce bol!!! J'apprends en rentrant que l'on est bien 4 à s'être vachés, 3 au service des eaux, moi au jardin des 2 rives. Steph est parvenu à rentrer mais c'était tout juste tout juste et finalement c'est lui qui a pris le plus de risque. Selon le formateur, il aurait du préférer la sécurité en rentrant au service des eaux lui aussi. Ce qui fait 5 élèves mis en difficulté.
Je remercie donc le pilote qui n'a pas pris le vent avant de nous larguer, le formateur qui nous a demandé d'ouvrir haut sans prévenir le pilote du fait que l'on sera soumis plus longtemps à la dérive, le directeur technique qui n'a pas annulé le saut malgré les conditions météo, les nuages et surtout le vent trop fort pour des élèves. Je suis sur qu'il savait que l'on aurait pas le temps de faire les exos si on voulait rester sur le terrain, car la meilleur façon de rester sur le terrain par vent fort c'est de descendre le plus rapidement possible. Pas hyper instructif.... Tout ça pour remplir un avion de plus pour faire du chiffres :S

Notes

[1] Se vacher en jargon parachutiste, c'est atterrir hors zone, sur le plancher des vaches quoi.